vendredi 11 janvier 2008

Rémunération à la carte : les plans cafétéria

Références.be nous parle du plan cafétéria :

Où en sommes-nous en Belgique ?

Le plan cafétéria permet aux travailleurs de faire des choix personnalisés pour leur rémunération. La demande de rémunérations adaptées est très forte, et pourtant le système s'utilise encore avec hésitation. Quel est le problème ?

Le système juridique belge bloque tout. Il n'existe pas de réel cadre légal. Pour introduire une rémunération flexible, les entreprises doivent se frayer un chemin dans la réglementation existante.

Il faudrait introduire d'urgence une clarification dans la terminologie, puisque la majorité des salariés ne savent pas en quoi consiste le plan cafétéria ni quels sont les choix qui se révéleraient intéressants pour eux personnellement. Ils ne peuvent donc pas adapter leur ensemble de rémunérations à leurs besoins personnels.

Nous vous expliquons ici ce qu'est un plan cafétéria.


Qu'est-ce que les plans cafétéria ?

Un plan cafétéria est une formule de rémunération qui permet au travailleur de composer lui-même ses conditions de revenu, en fonction de ses propres besoins. Le travailleur peut, tout comme dans une cafétéria, composer son propre menu à partir des différentes propositions : un salaire plus élevé, plus de temps libre, plus de pension,…Les heures supplémentaires peuvent être converties en jours de congé, et une augmentation de salaire peut être échangée contre une voiture de société.

L'avantage majeur des plans cafétéria, est qu'ils permettent de répondre à vos besoins spécifiques. Votre situation peut en effet changer très vite : il se peut que vous soyez très intéressé par une voiture de société lors de vos débuts, mais que vous préfériez opter pour une garderie d'enfants lorsque vous en aurez, quelques années plus tard.

Les différentes étapes menant au plan cafétéria

L'introduction d'une rémunération flexible (plan cafétéria) doit se faire graduellement. Quelles sont les étapes qu'une entreprise doit franchir avant d'offrir une forme de rémunération à la carte ?

Première phase

  • Bien identifier les changements nécessaires
  • Evaluer les objectifs de l'entreprise
  • Le plan doit correspondre à la culture de l'entreprise
  • Il faut interroger les travailleurs
  • Il faut faire un inventaire des conditions existantes
  • Il faut définir le budget (frais, analyse des bénéfices)
  • Faire de la concertation sociale
  • Définir les possibilités de choix et les partenaires

Deuxième phase

  • Prendre des avis juridiques
  • Introduire le plan cafétéria
  • Discuter des problèmes juridiques de l'introduction de ce plan
  • Communiquer individuellement et en groupe, ainsi qu'avec le conseil d'entreprise
  • Evaluer et réorienter le processus si nécessaire
Les avantages et les inconvénients

Les avantages

  • C'est le salaire de base qui prime.
  • Le plan offre l'opportunité de mieux harmoniser la vie privée et l'activité professionnelle.
  • La rémunération cafétéria tient compte uniquement des souhaits personnels. Vous désirez peut-être une garderie pour enfants, mais votre collègue désire une salle de fitness.
  • Vous pouvez définir vous-même le contenu de votre ensemble de rémunérations, en fonction de votre âge et de votre situation familiale.
  • Le plan vous offre la possibilité d'avoir une vue d'ensemble de vos revenus et de faire des prévisions. Il est toujours intéressant de connaître la valeur de votre voiture de société ou de votre GSM, de savoir ce que coûte réellement une journée de congé ou quelle serait votre allocation au cas où vous tomberiez en incapacité de travail.

Les désavantages

  • Il n'est pas toujours facile d'évaluer à leur juste valeur les avantages qui vous sont proposés.
  • Comment choisir? Quelles sont les options? L'information personnelle spécifique facilite le choix. Beaucoup d'entreprises n'ont malheureusement pas de politique de communication claire à ce sujet.
  • Si votre employeur se mêle de vos courses, de votre repassage et de vos enfants, il rentre dans votre vie privée. Où est la limite ?
Le cadre légal

L'introduction d'un plan cafétéria ne se fait pas en une nuit.

  • Une plus grande flexibilité implique une plus grande individualisation des avantages, ce qui engendre beaucoup de tracasseries administratives.
  • Il n'existe toujours pas de cadre légal pour ce genre de flexibilité. Chaque modification dans la politique régissant les conditions de travail doit être soumise au cadre légal : loi du travail, loi sociale, fiscale et juridique.

1) Notre législation différencie clairement le salaire individuel et les récompenses collectives complémentaires. En Belgique, il n'est par exemple pas légal d'échanger des jours de congé contre plus d'épargne-pension. Il faut payer des charges sociales sur les salaires, alors que sur les avantages extralégaux, on en paie peu ou pas.

2) Chaque travailleur a droit à 20 jours de congé. Il est donc obligé de les prendre et ne peut pas les échanger contre une augmentation de salaire.

3) Il existe certaines limitations pour les récompenses en nature. Vous ne pouvez pas échanger une Ferrari contre votre salaire.

4) Il ne faut pas comparer des torchons et des serviettes. Vous ne pouvez pas échanger pécule de vacances et assurance-groupe. L'un est taxable et l'autre est un élément non taxable.

Etude du cas Boréalis : fidéliser le personnel

Un exemple d'entreprise qui a vu plus d'avantages que d'inconvénients dans le plan cafétéria: Borealis. Cette entreprise de production de produits synthétiques (secteur chimique) emploie 750 personnes au total en Belgique, dont des ouvriers, des employés, des cadres et des dirigeants. Chaque groupe a ses propres conditions de travail et de rémunérations et donc ses propres applications, ce qui n'a pas facilité l'introduction du plan.

Les travailleurs du secteur chimique ont droit à 48 jours de congé, ce qui entraîne en principe une perte de temps de travail. Ce sont les travailleurs eux-mêmes qui ont formulé l' envie d'une autre forme de rémunération pour pouvoir canaliser différemment les nombreux jours de congé. Tout le monde ne paraissait pas satisfait d'avoir autant de congés. La procédure fut donc facilitée dans la mesure où elle émanait du côté syndical.

Le plan cafétéria est d'application depuis 4 ans maintenant. Il a été conclu au moyen de conventions collectives de travail (CCT). Concrètement, la flexibilité réside dans le fait de pouvoir épargner 5 jours de congé à plus tard ou de transférer le pécule prévu pour ces jours à l'assurance-groupe.

Le plan n'a pas été introduit afin de garder les travailleurs, mais il y participe tout de même. Boréalis ne connaît pas beaucoup de changement de personnel. Récemment, le déménagement d'une grande partie du service informatique de Beringen à Malines s'est déroulé presque sans problèmes ; beaucoup ne trouvaient pas la même flexibilité ailleurs.

Combien de personnes ont accès à un plan cafétéria ? Les résultats de l'enquête sur les salaires

Un plan cafétéria ou de rémunération flexible est une manière de rémunérer qui permet au travailleur de choisir périodiquement son propre ensemble de d'avantages. Ceci est possible grâce un système établi par l'entreprise qui propose un certain nombre d'alternatives.

Les systèmes de rémunération flexible ne sont pas répandus en Belgique. L'enquête Références a sondé le nombre de travailleurs qui peuvent faire un choix dans la composition de leur menu d'avantages.

3,4% des travailleurs à temps plein dispose de cette possibilité. Notre expérience dans le domaine des entreprises qui prétendent proposer une rémunération flexible nous invite à penser qu'il s'agit très souvent d'une possibilité de choix dans une seule catégorie d'avantages seulement, c'est-à-dire, le choix de participer à l'épargne-pension ou à l'assurance-groupe et dans quelle mesure. Ces 3,4% ne profitent donc pas vraiment d'un plan cafétéria à part entière (cfr. le système Alma à la KUL) dans lequel des options très différentes seraient proposées.

Disposez-vous d'une certaine liberté pour établir les avantages que vous souhaitez inclure dans votre menu d'avantages supplémentaires? (réponse en %)

Le fait qu'1 % des personnes interrogées savent que ce système existe au sein de leur entreprise, mais qu'ils n'en profitent pas eux-mêmes, est assez étonnant. De plus, il est à noter que 4,8% ne sait absolument pas si une telle forme de rémunération flexible existe dans de son entreprise. Ceci caractérise bien la connaissance réduite des travailleurs par rapport à la proportion et la nature des avantages extralégaux possibles.

En regardant la diffusion sectorielle des systèmes de rémunération variable, un seul secteur sort du lot avec une large présence de ces systèmes : le secteur informatique, dans lequel 7,8% des travailleurs bénéficient de rémunérations flexibles. Le secteur des services aux entreprises vient en seconde position avec 5,3%. Vient ensuite le secteur de la publicité et des médias avec 5%.


Distribution en fonction du niveau hiérarchique

Disposez-vous d'une certaine liberté pour établir les avantages que vous souhaitez reprendre dans votre ensemble d'avantages supplémentaires ? (réponse en %)

Les possibilités de choix d'avantages extralégaux sont nettement plus présentes dans les échelons les plus élevés de la hiérarchie. Au niveau des dirigeants supérieurs, 7,9% participe à un système de choix. Au niveau des exécutants et de l'administratif, cela se limite à 2,4%..


Intérêt pour l échange de temps contre de l argent et vice-versa

Admettons que votre entreprise vous propose la possibilité d'acheter des jours de congé supplémentaires ou d'échanger des jours de congé contre une augmentation salariale. Quelle option choisiriez-vous ?

Aux Pays-Bas, il existe des systèmes de rémunération variable très élaborés. Ces systèmes impliquent souvent un échange d'argent contre du temps ou l'inverse. Certaines entreprises proposent par exemple d'échanger le pécule de vacances ou le 13e mois contre des jours de congé supplémentaires ou une retraite anticipée. L'inverse existe aussi: on peut échanger des jours de congé contre d'autres avantages financiers (argent liquide, plans d'épargne,…).

Voilà les véritables formes de rémunération flexible. Elles offrent au travailleur une réelle liberté de définir l'équilibre idéal entre le temps libre et le pouvoir d'achat. C'est pourquoi nous nous sommes penchés dans notre enquête sur l'intérêt que suscitent ces possibilités. Il faut garder à l'esprit en regardant ces chiffres que ces systèmes nous sont peu connus et que les gens n'aiment pas ce qu'ils ne connaissent pas. Le résultat démontre ainsi que 54, 5% des personnes interrogées ne ferait pas appel à ces possibilités.

La moitié des personnes interrogées semble néanmoins voir quelque chose de positif dans ces systèmes flexibles. Un fait remarquable est que la majorité échangerait de l'argent contre quelques jours de congé en plus, plutôt que l'inverse. Ces chiffres traduisent-ils la pression de travail ? L'échange de jours de vacances ou d'une partie du salaire pour une pension plus importante sont moins populaires.

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